Texte et photos par Raphael Delaloye
Ils étaient nombreux en ce dimanche matin à s’activer au cœur de la tente, devenue fourmilière. Il y a ceux qui nettoient les déboires de la veille.
Il y a ceux qui portent, qui déplacent, qui rangent, arrangent ou enragent.
Chacun y met du sien. Une troupe de jeunes débarque, les yeux mi-clos, voire rougis par une nuit trop courte. Le sourire est là malgré ça, derrière la fatigue se lit l’envie, le cœur chante déjà, la louange est sur les lèvres. On empoigne à plusieurs des palettes qui suffiront comme scène. On défie la technique : micro, spot, beamer, rien n’est trop beau pour celui qui entre.
Deux, trois costauds lèvent les bras, le Christ se hisse au-dessus de la foule qui prend place petit à petit sur les rangées de bancs tout juste alignés. Les premiers chants saisissent les lieux dans une légère odeur de saucisse. On sent que l’Esprit opère. Même les lustres jouent le jeu. A peine levé le soleil crève l’écran.
Les banderoles ont fini de voler, elles accueillent avec les curés les passants, les curieux, les paroissiens enthousiasmés d’avoir quitté leur nef. Des tambours, des barmans, des parents en quête de sacrements, des enfants, tout ce monde éclectique se bouscule gentiment.
Au signe de la croix la foule est saisie et retient son souffle mais pas les fifres. La Parole est lue au milieu des marques de bière. Pendant l’homélie personne ne se fait sermonner. Des couronnes s’approchent pour le roi. Encore un chant, un cuivre, une guitare, des voix qui nous transportent. Tout concorde.
Les cœurs sont ouverts, comme ces bras-là. Oui, c’est bien lui le roi de la foire, celui qui lui donne sens, justement. La messe se termine, on remercie, on loue, on s’applaudit.
On ne part pas loin et on attend à peine que les tables soient mises pour manger. La foule devient bruyante, on se salue, on rit, on boit et on parle fort. Mais soudain, tout s’arrête, le temps est suspendu. Les regards aussi. Le Christ traverse la tente et sort. Par la grande porte.
