Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), mai 2020
Par Marie-Laure Tindom-Comby | Photo: DR
Enseignante et mère de famille de quatre enfants, engagée au sein du Conseil de Communauté de Martigny, Marie-Laure n’a pas une minute depuis que tout s’est arrêté… Paradoxe. Elle nous partage une tranche de vie depuis que ce fameux virus paralyse la vie sociale de toute la planète…
Quand ce virus a débarqué dans nos vies, je me disais justement que j’avais l’impression de courir partout entre les activités des uns et des autres – qui, prises séparément, sont toutes des choses super : cours de musique, entraînements de basket ou de badminton, matchs, tournois, répétitions, réunions diverses, etc. Et tout à coup, le grand STOP ! Et dans une famille de six, ça en fait des choses qui s’arrêtent !
Tous à la maison ! On retrouve une ressource que l’on avait perdue : le temps. L’occasion de se retrouver, de mieux se connaître, de renforcer les liens, de faire des concessions, de gérer des conflits (la proximité en génère passablement), de s’organiser – depuis le temps que je voulais faire un tournus des tâches ménagères – de s’écouter, de jouer ensemble, de cuisiner, de faire de la musique, de prier. Pourtant, au bout de quelques semaines, je me dis que finalement je « cours » tout autant, mais à l’intérieur… A l’intérieur de la maison, et surtout… à l’intérieur de moi-même. Je me demande pourquoi il m’est si difficile de ralentir, de lâcher prise. En réalité, je me rends compte que je voudrais maîtriser la situation et que je passe trop de temps à lire toutes ces informations pessimistes et angoissantes dont regorgent les médias, au lieu de me concentrer sur ce sur quoi j’ai prise, ceux qui ont besoin de moi, et sur l’instant présent. Mes enfants sont une belle leçon de vie pour moi, eux qui ne se posent pas tant de questions, qui vivent juste au présent, sans vouloir tout anticiper. Je travaille sur moi pour suivre leur exemple, et comme ils se reposent sur mon mari et moi, je tente à mon tour de me reposer sur Dieu. Le psaume 90 m’encourage, particulièrement le verset 4 : « Il te couvre et te protège. Tu trouves sous son aile un refuge. »
Une chose est sure, nous prenons tous conscience de l’importance de nombreuses activités qui nous paraissaient normales avant, voire carrément dues. Elles nous manquent maintenant. Ce temps de retraite forcée, arrivé en plein carême, va certainement nous recentrer sur l’essentiel, et quand le quotidien reprendra son cours, tout ce qui nous semblait normal prendra davantage de saveur. On retrouvera surement de la reconnaissance et de l’émerveillement. Quelle joie les enfants auront de retourner à l’école, oh combien je serai heureuse de retourner à l’église, même si avant parfois il fallait se motiver pour sortir de sous le duvet le dimanche matin ! Mais pour le moment, ce qui compte, c’est que chacun joue le jeu de la solidarité – et je suis émue de voir toutes les initiatives nées dans ce sens ! Suivons les consignes. Restons éloignés, même si dans le cœur nous n’avons peut-être jamais été aussi proches.
Ne nous laissons pas gagner par la peur. Un chant m’accompagne dans ce sens : « Je ne suis plus esclave de la peur. Je suis enfant de Dieu. » Seigneur, protège-nous de la peur et de la panique, garde-nous de la maladie, donne-nous du courage, de la solidarité, de la créativité, de la patience, de la persévérance et de l’espérance.
Vivons pleinement l’instant présent, dans l’espérance que, dans quelques temps, cet épisode soit derrière et que nous puissions retrouver nos proches, en santé, avec un goût tout particulier pour cette vie si précieuse qui nous est donnée, et peut-être bien… un sens retrouvé des priorités.